L’attention partagée (divided) permet de percevoir l’ensemble d’une scène ou de concevoir l’ensemble d’informations fournies par plusieurs événements. Notre attention ne va pas réellement se focaliser, mais plutôt, permettre au cerveau d’assimiler un ensemble relativement incomplet mais essentiel, de la scène : les événements nouveaux qui apparaissent dans celle-ci, les « grandes lignes ». L’attention partagée permet d’avoir une vision globale et cohérente d’une scène présentant de multiples informations et événements, pas forcément liées entre eux, et d’en saisir la signification ou le déroulement de manière globale. Mais il est cependant plus difficile dès lors, de restituer avec précision un seul de ces évènements : plusieurs de leurs aspects sont tout simplement ignorés.
Et c’est grâce à l’attention partagée que l’on remarque les défauts de l’attention sélective : dans l’exemple de la vidéo de Neisser, on peut regarder la scène, sans toutefois se préoccuper de sélectionner l’information relative à l’une ou l’autre des équipes. Et l’on note un détail étrange passé totalement inaperçu en situation d’attention sélective : on peut effecivement voir un troisième événement se dérouler, une jeune femme qui parcoure la scène nonchalamment, ombrelle en main… Le fait a de quoi surprendre dans la scène, pourtant, l’attention sélective nous l’a complètement occulté. Seule une vision d’ensemble a pu nous informer de cet élément absurde, et surtout nouveau, dans cette video.
Cet aspect est réellement très important : il démontre à quel point l’attention sélective peut bloquer des informations qui nous seraient pourtant très utiles. Un exemple tragique d’excès de sélection, s’est souvent rencontré sur les routes : en faisant trop attention à la couleur du feu que l’on s’apprête à franchir, et aux voitures environnantes, on peut bien vite « oublier » de se soucier des autres utilisateurs d’une route : piétons, cyclistes… Combien ont eu la surprise de se rendre compte, en telle situation, des limites de leurs capacités attentionnelles, simplement, en prenant conscience un peu trop tard qu’ils « ne l’avaient pas vu ».